Le soleil amorçait sa descente a la rencontre de la terre, et les ombres des deux voyageurs commençaient a s’étirer, comme si elles voulaient exister le plus possible avant de disparaître dans la nuit qui s’annonçait.
- Bienvenue dans mon pays natal ! , s’exclama l’homme aux cheveux blancs.
Nous voici arrivés aux portes d’Edo…
- Les paysans que nous avons croisé parlaient de Tokyo, lui répondit son compagnon, un chauve avec un petit hamster sur l’épaule.
Inuzuka (tel était son nom) eut un sourire et posa une main amicale sur l’épaule de son camarade.
- Peu importe le nom que les hommes peuvent lui donner au cours des siècles, ceci restera a jamais le lieu ou mon défunt shôgun repose. Rentrons maintenant et allons admirer cette belle ville, nous avons de la chance, les cerisiers sont en fleurs…
Ils se dirigèrent vers UenoKoen, une colline réputée ou de nombreuses personnes étaient installées sur des nattes de paille, buvaient, mangeaient et dansaient auprès des cerisiers qui bordaient une grande allée centrale. Inuzuka expliqua qu’il s’agissait du rituel Ohanami (« regarder les fleurs »), sacré pour bon nombre de japonais et permettant de garder toujours le contact avec la terre de leurs ancêtres.
Les couleurs chatoyantes du soleil couchant se mêlaient a celles des cerisiers…Le spectacle était superbe. En redescendant de la colline, ils passèrent devant l’étang Shinobazu. L’eau se teintait de rouge et orange, conservant des reflets plus bleus acier a l’ombre des arbres. Cette vision apaisait les âmes fourbues des deux compagnons de route.
Ils traverserent ensuite Shibuya, le Ku (« quartier ») le plus huppé de la ville ou la population rivalisait d’ingéniosité et de déguisement pour attirer l’attention, pour arriver vers Asakusa.
L’homme chauve, visiblement étranger a ce pays, admira un instant les statues des dieux du vent et de la foudre, situées a l’entrée de la Kaminari-mon (« porte du tonnerre »), censés éloigner les mauvais esprits du quartier.
Apres la porte s’étendait une vaste galerie éclairée par des centaines de lanternes de papier blanc calligraphiées en noir et rouge, bordée par des échoppes traditionnelles et des boutiques.
Des odeurs de tatami, de bambou, d’encens, de soja grillé, de crêpes fourrées aux haricots rouges se mêlaient au fur et a mesure que les deux voyageurs avançaient.
- Non, Bouh ! ………..ha, trop tard !
Le hamster avait dévalé l’épaule du grand guerrier tatoué pour grignoter quelques douceurs en pâte de riz. Le marchand ria, puis leur donna un petit sachet pour la route qui les menait aux temples.
Dembo-in, Asakusa-jinja, et surtout, Senso-ji, le plus ancien temple de Tokyo, étaient proches.
Apres s’être purifié le corps a la fumée d’encens, Inuzuka rentra dans le temple pour prier, tandis que Minsc attendait dehors.
°o0 Quelle drôle de pays, tout de même. Tout cela est tellement ….différent….Mais cela semblait lui tenir a cœur d’emmener Bouh a la rencontre de ses ancêtres. J’espère que les autres ne se seront pas perdus en route, et qu’il ne leur est rien arrivé de grave depuis cette tempête en mer…0o°
Perdus dans ses pensées, Minsc n’avait pas prêté attention a des voix familières qui se rapprochaient…